Blogue 21 février 2023 Romaric Ségla
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Les laboratoires de test de performance énergétique, un dispositif clé pour la surveillance du marché

Romaric Ségla

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Romaric Ségla

Mieux consommer l’énergie devient de plus en plus une question économique et financière pour les usagers. Pour les législateurs d’un pays ou d’un espace économique, c’est également une priorité en termes de planification énergétique. Cette planification implique notamment de prendre en compte des mesures d’économie énergie, pour limiter autant que faire se peut l’impact de la consommation finale sur les capacités de production, particulièrement en périodes de pointe.

Dans ce billet, nous allons revenir sur l’un des trois principaux secteurs les plus énergivores : le secteur du bâtiment qui consomme globalement 30% de la consommation finale d’énergie dans le monde.[1]

Total final energy consumption and avoided energy demand in the Stated Policies Scenario versus the Net Zero Scenario, 2020 to 2050

Source : IEA, Total final energy consumption and avoided energy demand in the Stated Policies Scenario versus the Net Zero Scenario, 2020 to 2050, IEA, Paris, IEA. Licence: CC BY 4.0

Note : La figure ci-dessus montre l’évolution de la consommation finale d’énergie dans les trois secteurs principaux que sont le bâtiment, l’industrie et le transport. De la situation de référence en 2020, on estime que pour atteindre le scénario de Zéro émission nette (en bleu clair), il faudra compter sur l’électrification des usages (en bleu foncé), les technologies efficientes (en vert clair), les changements d’habitudes (en vert foncé) et les autres formes d’effacement de la demande (en jaune).

Pour atténuer cette situation, les États mettent en place des programmes d’efficacité énergétique qui, dans plusieurs cas, viennent en application de directives régionales ou de recommandations internationales. Parmi les plus de 120[2] pays qui mettent en place des programmes d’étiquetage d’appareils électroménagers ou les plus de 80[3] pays qui développent des exigences de performance énergétique dans les bâtiments, l’IFDD accompagne depuis presque dix années le développement de ces mécanismes dans 8 États membres de la Francophonie en Afrique de l’ouest.

En effet, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme Régional d’Économie d’Énergie (PREE) de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), deux projets en efficacité énergétique sont réalisés depuis 2014 en maitrise d’ouvrage délégué par l’OIF à travers son organe subsidiaire, l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD). Ce programme est réalisé au bénéfice des huit (8) pays suivants : Bénin – Burkina Faso – Côte d’Ivoire – Guinée Bissau – Mali – Niger – Sénégal – Togo.

Les projets menés sont les suivants :

  • Étiquetage énergétique des appareils électroménagers (PHASE II) ;
  • Développement du Code d’efficacité énergétique dans les bâtiments neufs.

La mise en œuvre desdits projets a permis notamment l’adoption de deux Directives en juin 2020, la dotation en équipements de test de performance énergétique de 5 laboratoires depuis 2019, l’organisation de séances de formation au profit d’acteurs nationaux, ainsi que l’élaboration d’un plan de communication et sensibilisation sur les enjeux du programme.

Par leur transposition aux échelles nationales, les directives adoptées en 2020 doivent permettre de répondre aux défis suivants dans la zone UEMOA : adéquation entre population croissante et usage d’équipements électroménagers jusqu’à présent énergivores (lampes, climatiseurs, réfrigérateurs) – adaptation de l’urbanisation galopante à des normes de construction écoénergétiques – dégradation de l’environnement et nécessité d’atténuation des effets du changements climatiques.

D’une part, cela aidera les consommateurs à lire, interpréter, et comprendre la portée des étiquettes énergétiques (voir ci-dessous), afin de faire des choix éclairés, rechercher activement et préférer l’utilisation des appareils peu énergivores ou énergétiquement efficaces.

Modèle d’étiquette énergétique des appareils électroménagers dans l'UEMOA

D’autre part, les professionnels et le public seront informés sur les méthodes, outils d’amélioration, mesures incitatives et modalités d’inspection pour accompagner l’utilisation de matériaux écoénergétiques ou l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments.

Méthode de performance de type budget énergétique pour la conception de bâtiment écoénergétique

Dans le cadre des dispositions pratiques d’opérationnalisation de la surveillance et des vérifications de conformité des exigences de ces directives, cinq (5) laboratoires de l’UEMOA ont été sélectionnés par appel à manifestation d’intérêt pour être équipés par le Programme. Ils sont présentés ci-après.

Laboratoires sélectionnés pour les tests de performance énergétique dans l'UEMOA

Ces laboratoires ont vocation à tester les performances énergétiques des appareils électroménagers et des matériaux de construction.

Au stade actuel, ces laboratoires doivent relever les défis suivants :

  • Mise en route exhaustive des équipements fournis ;
  • Formation sur les protocoles de test des directives adoptées en 2020 ;
  • Pérennisation des activités de test de performance énergétiques pour les 8 États membres de l’UEMOA ;
  • Mise en place du processus d’accréditation à la norme ISO 17025 version 2017.

Le rôle de ces laboratoires est crucial dans le dispositif de surveillance et vérifications de conformité mis en place par les Directives régionales qui sont transposées aux plans nationaux. En renforçant dans les États la capacité de certification, étiquetage et accréditation pour les lampes et les réfrigérateurs d’une part, et de certification et accréditation des matériaux de construction d’autre part, cela permettra de disposer d’une base de données sur :

  • les appareils autorisés ou interdits sur le marché des 8 États membres de l’UEMOA ;
  • la performance énergétique réelle des appareils autorisés, ainsi que les informations obligatoires sur leur efficacité énergétique ;
  • les performances énergétiques des matériaux de construction utilisés dans les bâtiments et devant se conformer aux exigences minimales d’efficacité énergétique dans les normes de construction dans l’UEMOA.

En définitif, la mise en place des laboratoires de test de performance énergétique est un processus long et coûteux, qui requiert une grande volonté des États, des ressources humaines compétentes et des moyens financiers pour assurer leur pérennité. Toutefois, ce changement est indispensable tant la majeure partie des scenarii de transition vers un monde neutre en carbone tiennent compte de l’importance des standards minimum de performance énergétique pour réduire l’impact du secteur de l’énergie dans les émissions de gaz à effet de serre.

C’est pour inspirer et accompagner de tels changements que l’IFDD continue d’œuvrer depuis 1988 à la coopération au service du développement durable et de la transition énergétique.

 


 

Pour aller plus loin :

 

[1] https://www.iea.org/articles/a-call-to-action-on-efficient-and-smart-appliances

[2] IEA (2022), Building Envelopes, IEA, Paris https://www.iea.org/reports/building-envelopes, License: CC BY 4.0

[3] IEA (2022), Buildings, IEA, Paris https://www.iea.org/reports/buildings, License: CC BY 4.0

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