Blogue 3 mars 2023 IFDD
Partager Facebook

L’énergie au cœur du développement durable

IFDD

Publié par
IFDD

Monsieur Sécou SARR, Directeur de ENDA-Energie, nous expose sa vision de l’importance du secteur énergétique dans une perspective de développement durable.

 

Pourriez-vous brièvement nous présenter votre organisation?

ENDA-Energie est une organisation non gouvernementale internationale basée à Dakar, au Sénégal et membre du réseau international Environnement-Développement du Tiers Monde (ENDA-TM). Cette organisation du Sud s’engage à traiter simultanément les problèmes interdépendants que sont l’accès équitable à l’énergie durable, les changements climatiques et l’autonomisation économique des groupes vulnérables y compris les femmes pour l’équité et la justice sociale. Pour renforcer la résilience et l’autonomisation des populations et des écosystèmes, ENDA ENERGIE accompagne les processus de transformation orientés vers un développement durable au travers l’ingénierie technico-sociale, la génération d’évidences, le plaidoyer et la sensibilisation pour inspirer les politiques publiques.

Selon vous, quels sont aujourd’hui les défis de la transition énergétique?

La transition énergétique est très complexe. Elle renvoie à la restructuration de production, de transformation et de consommation de l’énergie. Elle consiste notamment à apporter des mesures d’efficacité énergétiques et à favoriser en une pénétration progressive des énergies renouvelables dans le mix énergétique en substitution des énergies fossiles en vue de répondre aux exigences de développement économique et de sobriété carbone au titre du dérèglement climatique. Dès lors, elle s’inscrit dans des processus en fonction des contextes. Dans le contexte africain, ou plus 500 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité, une transition énergétique doit répondre aux enjeux majeurs suivants[1] : i) la souveraineté énergétique en valorisant l’ensemble des dotations naturelles en ressources énergétiques dans le pays pour réduire la facture énergétique, le déséquilibre structurel de la balance commerciale et se prémunir contre les risques d’inflation; ii) l’accès universel aux services énergétiques modernes, disponibles et à moindre coût pour rétablir l’injustice territoriale et de genre. La transition énergétique vue sous l’angle prioritaire de l’accès aux services énergétique est un pilier fondamental  pour la sécurité alimentaire, l’industrialisation, la création d’emplois et de richesse pour l’autonomisation des jeunes et des femmes ; iii) la résilience et la sobriété carbone pour le respect des engagements politiques au travers la CDN au titre de l’accord de Paris en matière de changement climatique et ; iv) le transfert de technologies dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant entre l’Afrique et le monde.

Pouvez-vous nous parler de votre engagement envers l’accès aux services énergétiques, primordial pour le développement durable?

L’énergie est le poumon de l’économie et la base des transformations pour un développement durable. Ainsi, la notion de service énergétique renvoie de cette utilisation finale faite de l’énergie pour répondre à des besoins tels que la mécanisation, la conservation, la transformation, la mobilité, etc.  Il représente le dernier maillon de la « chaîne énergétique ». A ce titre, l’accès aux services énergétiques doit être considéré comme un droit humain. Il constitue un besoin essentiel pour la souveraineté alimentaire, la lutte contre les changements climatiques et la paix sociale dans le monde. L’exemple de la guerre en Ukraine constitue une parfaite illustration au regard de ses répercussions négatives au plan économique, sociale et institutionnelle (gouvernance) et doit nous inviter à déconstruire pour repenser la notion de sécurité énergétique.

Au niveau d’ENDA nous coconstruisons des modèles économiques autour de l’initiative Souveraineté énergétique pour la Souveraineté alimentaire (SESAL) pour montrer les niches d’opportunités d’employabilité et d’insertion des jeunes et des femmes dans l’optimisation de la valorisation des filières locales par l’accès aux services énergétiques durables.

L’exemple du Programme d’extension de l’horizon des opportunités de la chaine de valeur lait par l’accès aux services énergétiques durables – PROGRES-LAIT http://www.progreslait.org/ (financé par l’UE, la GIZ, le Sénégal et la Mauritanie) en est une parfaite illustration en termes de professionnalisation des acteurs au travers : 1) du déploiement d’une ingénierie sociale pour renforcement de capacités des acteurs de toute la chaine dont les coopératives d’éleveurs, 2) de la mise à disposition d’infrastructures solaires photovaltaïques (Off-grid) pour l’autonomisation énergétique des centres de conservation et de transformation locale du lait, 3) du partenariat public privé à vocation communautaire pour accompagner le développement d’un marché autonome. Ce modèle économique de Progrès lait a subi une transition vers le modèle de centre d’affaire local (CAL) pour valoriser dans le même espace l’ensemble des opportunités de production de biens et de services de la zone.

Comment l’accès à des services énergétiques modernes et durables peut contribuer à améliorer la résilience et l’autonomisation des femmes?

Renforcer la résilience et l’autonomisation des femmes passe inéluctablement par un accès à des services énergétiques d’ordre social et économique pour leur positionnement stratégique. En effet, les activités productives à dominance féminine comme le maraichage et la petite production marchande de rue peinent à se développer, faute d’accès à des services énergétiques adéquats et à moindre coût. Dans les périmètres maraichers l’énergie représente jusqu’à 30% des charges d’exploitation et les pertes post récolte peuvent avoisiner 40% de la production d’oignon au Sénégal du fait du manque de système de conservation.

Au plan social, l’accès limité à ces services essentiels confine la femme rurale sur une trajectoire de pauvreté exacerbée par des corvées d’approvisionnement en eau et en combustibles de cuisson de même que la mouture de céréales avec beaucoup d’efforts physiques et de temps déployés.

Comment la transition énergétique pourrait-elle contribuer à l’employabilité des jeunes ?

L’énergie n’est pas une fin en soi mais un moyen pour booster les autres secteurs économiques et sociaux. Alors, à partir des dotations naturelles des territoires en chaines de valeur, la formation des acteurs et une approche articulée entre l’énergie-eau-agriculture on peut étendre l’horizon des opportunités économiques pour les jeunes et les femmes dans les terroirs.

Le retour d’expérience de l’approche Climat-Energie-Eau (Approche CLEE)2 pour la sécurité alimentaire et l’employabilité des jeunes/femmes, dont une des composantes est mise en oeuvre grâce à une subvention de l’IFDD, constitue un bel exemple d’illustration de la contribution de la transition énergétique dans la création d’emplois dans les pays du Sud.

Si vous aviez à définir votre vision du développement durable en 2023, quelle serait-elle?

Il faut décloisonner les secteurs et les acteurs pour créer plus de transformations durables au travers de l’approche Nexus.

 

[1] Sécou SARR and Samba FALL and all ; « JUST ENERGY TRANSITIONS AND PARTNERSHIPS IN AFRICA: A SENEGAL CASE STUDY »,  OCTOBRE 2022

[2] L’approche CLEE est basée sur l’articulation des secteurs Eau-Energie-Agriculture dans un contexte de changement climatique et promeut la complémentarité, la coordination et le partenariat multi-acteurs pour amplifier les impacts des solutions climatiques locales.

L’infolettre de l’IFDD

Abonnez-vous !

Tree illustration

Ce site web utilise les cookies

ATTENTION : toutes nos formations sont gratuites.

L’IFDD-OIF ne demandera jamais de frais ou de dépôt pour s’inscrire et participer à une formation ou toute autre activité. Nous vous informons que ce site utilise des cookies pour assurer que notre site est conviviale et pour garantir une expérience optimale. En poursuivant sur ce site, vous déclarez accepter l’utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité.