Depuis plusieurs années, de nombreux pays membres de la Francophonie interpellent la communauté internationale pour relever le niveau de financement pour le climat et la biodiversité afin de leur permettre de mettre en œuvre leurs ambitions nationales pour l’environnement.
Sensible à cette préoccupation, la Secrétaire générale de la Francophonie a souhaité que l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), renforce son accompagnement aux pays francophones en développement pour un meilleur accès à la finance sur la biodiversité et le climat.
Pour mieux comprendre les contraintes de ces pays membres et affiner son approche d’intervention, l’IFDD a organisé avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) une réunion d’échange préliminaire sur l’analyse des disparités de financement sur le climat et la biodiversité avec cinq pays francophones retenus sur une base représentative des profils de financement sur le climat et la biodiversité. Réalisée en marge de la 16e Conférence des Nations unies sur la biodiversité (CdP16), cette concertation préliminaire de 20 participants avait pour but de recueillir les avis et suggestions sur les modalités pratiques à privilégier pour documenter les expériences et pratiques permettant d’enrichir l’étude économétrique sur l’accès des pays francophones à la finance climat et biodiversité.
Dans leurs propos introductifs, Cécile MARTIN-PHIPPS, directrice de l’IFDD, de même que Juan CASADO ASENSIO et Dominique BLAQUIER de l’OCDE ont insisté sur l’importance de l’accès au financement climat et biodiversité tout en relevant la disparité observée, particulièrement entre les pays francophones et anglophones. Ils ont informé les participants que les variables influençant le succès ou non de l’accès à ce financement, y compris des problèmes et réussites, et l’identification des blocages devaient être cernés avec précision pour mieux comparer l’accès aux financements.
Pour ce faire, les objectifs de l’analyse à co-construire d’ici la 30e Conférence des Nations Unies sur le climat (CdP30) prévue en novembre 2025 sont d’affiner les données fiables et vérifier leur pertinence pour renforcer l’étude dans une approche collaborative et participative.
Face aux obstacles majeurs constatés pour l’accès au financement, les participants se sont interrogés sur la pertinence des objectifs et des destinataires des résultats de l’étude, tout en espérant qu’elle faciliterait le plaidoyer auprès des donateurs en précisant les besoins des pays et en identifiant les opportunités d’intégration entre climat et biodiversité pour un meilleur accès aux financements. Ils ont également souligné les préoccupations concernant les blocages persistants malgré les efforts déployés pour rendre les fonds plus accessibles.
Dans une perspective francophone, cette étude permettra non seulement de mieux comprendre les limites des pays francophones et les différences régionales, mais contribuera également à créer des espaces d’expression offrant une vision alternative.
Les participants ont évoqué les obstacles systémiques auxquels les pays francophones font face pour accéder aux financements, comparativement aux pays anglophones. Ces obstacles incluent la complexité et le manque de transparence des mécanismes financiers, des coûts de transaction élevés et une dépendance institutionnelle marquée. Ils ont également mentionné les difficultés d’accès à des données fiables et de qualité pour mener une analyse efficace et appuyer la prise de décisions.
L’importance d’explorer d’autres méthodes et formes de mobilisation de financement (comme les « blue bonds ») et de mieux comprendre les mécanismes financiers et les opportunités inexploitées a été soulignée, de même que les contraintes fiscales des pays et la transparence insuffisante des donateurs.
Les participants ont particulièrement regretté le manque d’intégration de la biodiversité dans les mécanismes de financement. Pour pallier cette négligence, ils ont suggéré de renommer l’étude en “financement environnemental” pour couvrir le climat, la biodiversité et la désertification, et de proposer des solutions intégrées.
Ils ont également souhaité que les banques de développement régionales, essentielles au financement climatique et de la biodiversité, soient incluses dans l’analyse afin d’apporter une vision plus complète et significative.
Concernant la méthodologie, il a été recommandé de garantir un équilibre entre le changement climatique, la biodiversité, la désertification et les fonds multilatéraux locaux. Pour atténuer la barrière linguistique entre les programmes francophones et anglophones et améliorer la gouvernance des pratiques de financement, un échange post-étude a été proposé pour partager et analyser les résultats.
Les participants ont également proposé des solutions communautaires comme la mise en place d’une communauté de pratiques, l’identification des solutions communes, et la planification des étapes concrètes à inclure dans le rapport.
En conclusion, ils ont exprimé le souhait que l’étude débouche sur des résultats concrets pour aider les pays francophones à mobiliser efficacement les ressources financières et techniques. Renforcer la confiance et la capacité des institutions locales et simplifier l’accès direct aux financements ont été identifiés comme des éléments cruciaux. Il a été noté que l’OIF met déjà en œuvre des initiatives, comme un mécanisme d’appui pour le montage et la soumission de projets de qualité, en attendant les conclusions de cette analyse.
La réunion a été clôturée par une planification des visites de terrain au début de l’année 2025.