Blogue 24 novembre 2022 Nicolas Biron
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Déconstruire le bâtiment. Inspirer la nouvelle architecture

Nicolas Biron

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Nicolas Biron

Séminaire en ligne | 30 novembre 2022 14h TU/GMT

 

Les choix que nous faisons aujourd’hui en matière de bâtiments – les matériaux, les méthodes constructives, la forme des bâtiments, leur nombre, leur utilisation et leur organisation spatiale, ont un impact direct sur notre capacité à tendre vers une économie circulaire, à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et à limiter les changements climatiques.

Premièrement, parce que les besoins en nouveaux bâtiments sont énormes. « Les pays investissent continuellement dans de nouveaux bâtiments et infrastructures pour répondre à divers besoins sociétaux. Les estimations actuelles suggèrent qu’il existe 255 milliards de mètres carrés de bâtiments dans le monde, un chiffre qui devrait presque doubler au cours des quatre prochaines décennies. Cela équivaut à ériger chaque semaine une ville de la taille de Paris. Cette accumulation de stock n’est pas intrinsèquement mauvaise ; de nombreux pays doivent investir [dans de telles infrastructures] pour garantir l’accès aux services de base » (Circularity Gap Report 2022), en particulier dans les pays en développement, où ces besoins sont notamment exacerbés par la croissance démographique et l’exode rural, qui accélèrent les besoins en bâtiments dans les zones urbaines.

En Afrique en particulier, de récents rapports estiment que la population urbaine devrait s’accroître d’environ 900 millions de personnes au cours des trois prochaines décennies, et que « les 2/3 de l’espace urbain en Afrique en 2050 ne sont pas encore construits aujourd’hui » (Africa’s Urbanisation Dynamics 2022). Autrement dit, les villes doivent construire deux fois plus, deux fois plus vite (Collier, 2017). Les 2/3 de cette croissance urbaine se feront dans les petites et moyennes villes (UN, 2018; Minsat, 2018), avec un enjeu urgent d’intégrer les quartiers informels dans la planification urbaine et de ne laisser personne de côté.

Deuxièmement, parce que la consommation de ressources et les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur du bâtiment sont majeures. À l’échelle mondiale, selon ONU-Environnement, le bâtiment serait responsable de près du tiers des émissions de GES et de la consommation finale de l’énergie. De plus, une part de 40 % du volume total de la production de déchets solides serait imputée au secteur de la construction. Il n’est donc pas étonnant que, d’un point de vue d’économie circulaire, le secteur du bâtiment soit parmi ceux qui offrent le plus d’opportunités.

Les dynamiques de construction sont également en évolution. Avec une population mondiale qui avoisinera les 10 milliards d’ici 2050 et la raréfaction de l’espace constructible disponible, il faudra apprendre à construire des bâtiments de moyennes et grandes hauteurs de façon beaucoup plus efficiente qu’aujourd’hui; en effet, les gratte-ciels nécessitent plus de ressources pour leur structure, nommément le ciment, un matériau qui génère beaucoup de GES et contribue à la pénurie de sable, mais dont la demande continue d’augmenter.

Inspirer une nouvelle architecture. Saisir les opportunités.

La croissance du secteur du bâtiment est absolument incontournable. Selon les choix qui seront faits, cette croissance présente le risque de créer des verrous ou offre les opportunités de leviers fondamentaux en matière de développement durable.

Par exemple, « l’Afrique peut saisir l’opportunité d’une urbanisation rapide pour construire de nouvelles infrastructures résilientes au changement climatique. En d’autres termes, combler le déficit d’investissement ne consiste pas seulement à mobiliser des ressources supplémentaires, mais aussi à s’éloigner des projets d’infrastructure à forte intensité de carbone à plus long terme. ». (Quality Infrastructure in 21st Century Africa, 2020).

C’est pourquoi il est nécessaire de remettre en question nos habitudes et nos certitudes en matière de construction. L’heure est à une nouvelle architecture. Plusieurs approches inspirées des principes d’économie circulaire permettraient d’améliorer l’empreinte environnementale des bâtiments.

Construire moins et construire mieux

La première stratégie d’économie circulaire est de réduire la consommation de ressources. Construire moins et construire mieux. Privilégier les logements collectifs. Ou encore, favoriser la rénovation et l’extension de la durée de vie des bâtiments existants. Une conception modulaire peut facilement s’adapter aux besoins au fil du temps. « De plus, la réduction de la surface au sol totale permet des économies proportionnelles sur le chauffage et/ou la climatisation et donc une meilleure efficacité énergétique, surtout si elle est couplée avec des stratégies telles que des températures ambiantes plus basses, des compteurs intelligents et une isolation thermique améliorée » (Circularity Gap Report 2021)

Matériaux

Le choix des matériaux est incontournable. ONU-Environnement précise que choisir judicieusement les matériaux de construction peut se traduire par des environnements de vie et de travail plus sains pour les résidents et favoriser la réutilisation des matériaux en fin de vie. Adapter la conception d’un bâtiment pour incorporer des matériaux disponibles localement et renouvelables, pourrait également soutenir activement une économie locale. Les matériaux peuvent avoir un impact significatif pour réduire l’effet d’îlot de chaleur urbain. De même, l’utilisation des matériaux secondaires, issus des déchets de construction et de démolition, devrait être optimisée dans la construction des bâtiments neufs. Ceci implique de revoir la conception des bâtiments en y incluant en amont la phase de fin de vie : concevoir un bâtiment en matériaux renouvelables et démontables, sans produits toxiques ou nocifs, offre la possibilité de réutiliser ces mêmes matériaux dans une logique de circularité.

S’inspirer de la nature et des savoir-faire traditionnels

Une conception inspirée de la nature peut créer des solutions de construction efficaces. Par exemple, « des solutions dites low-tech, telles que la conception bioclimatique et passive, utilisent les conditions naturelles pour refroidir, chauffer, éclairer et ventiler les bâtiments. Celles-ci augmentent les performances d’un bâtiment et minimisent la consommation d’énergie. De même, des technologies de plus en plus abordables et efficaces, telles que l’installation de panneaux solaires sur la structure du bâtiment, doivent être généralisées. »

Parallèlement, l’économie circulaire offre un prétexte à revisiter les savoirs traditionnels. La quasi-totalité des bâtiments en Afrique, par exemple, est conçue en béton, mais cela n’a pas toujours été le cas. Pour les pays forestiers, et à condition qu’il provienne de forêts gérées durablement, le bois permet de construire des bâtiments adaptés à tout type de climat et économiquement abordables, tout en contribuant au stockage du carbone. Le bois offre de bonnes performances techniques et thermiques. Son ratio poids/résistance évite la surcharge sur les fondations et permet des constructions sur sols instables. Il diminue significativement les émissions de GES liées à la construction et soutient l’économie locale. Ailleurs, dans les régions sahéliennes, par exemple, d’autres solutions telles que les briques de terre et la voute nubienne devraient être réintroduites.

« L’utilisation de matériaux de construction à faible émission de carbone, plus légers, et l’approvisionnement local contribuent tous à réduire l’empreinte environnementale. Les matériaux de construction naturels ou renouvelables, tels que le bois, la paille et le chanvre, contribuent également à régénérer les flux. Les toitures végétalisées et les murs végétaux sont autant d’exemples d’interventions aux bénéfices régénérateurs, au moins en termes de performances thermiques, de gestion de l’eau, de biodiversité et de qualité de l’air. » (Circularity Gap Report 2021)

En fait, « l’urbanisation et le changement climatique comptent parmi les tendances mondiales les plus importantes affectant le bien-être humain au XXIe siècle. L’Afrique est l’une des régions qui devraient connaître une énorme urbanisation et être considérablement affectées par le changement climatique. » (The future urban heat-wave challenge in Africa: Exploratory analysis).

Il faut rêver la nouvelle architecture! Accepter qu’il soit possible de construire autrement ouvre un monde de possibilités. Les exemples de constructions durables, aux 4 coins du monde, offrent un aperçu des nouvelles tendances et prouvent que modernité rime avec durabilité.

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