– Témoignage –
Paul Boëffard, chargé d’étude à l’Agence Parisienne du Climat, revient sur son expérience enrichissante lors de la CdP29, grâce à sa collaboration avec l’OIF et l’IFDD.
Une écoute et un soutien à une initiative audacieuse
Depuis plusieurs mois, je me consacre à un projet ambitieux : développer des mécanismes financiers pour inciter les pays exportateurs d’énergie fossile à renoncer à l’extraction de leurs ressources, tout en soutenant leur transition économique. Pour les pays du Nord, qui ont largement bénéficié des énergies fossiles pour leur développement, il serait hypocrite de demander aux pays du Sud de renoncer à ces ressources sans leur offrir une compensation équitable et un appui conséquent.
À un mois de la CdP29, mon premier rapport avait été publié et mes recherches présentées à quelques nations des deux hémisphères. Mais Bakou représentait une opportunité unique : toucher un public plus large et mobiliser des alliés autour de cette initiative. Le défi était grand, car la majorité des pavillons imposaient des critères stricts, notamment l’usage exclusif de l’anglais, ce qui rendait l’accès compliqué pour une initiative émergente portée par un francophone.
Malgré ces obstacles, notre table ronde a rencontré un succès retentissant. Six représentants de pays francophones (Togo, Mauritanie, Côte d’Ivoire, République Démocratique du Congo, Guinée) et un membre de la Banque Africaine de Développement ont répondu présents. Ensemble, nous avons débattu des moyens de mobiliser la finance climat pour accompagner les pays du Sud dans leur sortie des énergies fossiles. L’événement a attiré une telle affluence que nous avons dû écourter les questions pour respecter le programme.
La force du réseau francophone
Notre projet s’adresse aux pays exportateurs d’énergies fossiles à travers le monde : Colombie, Mongolie, Timor-Leste, Kenya… Une diversité géographique enrichissante mais parfois complexe, car elle limite les synergies et allonge les délais de coordination.
C’est là que la Francophonie a révélé toute sa valeur. Grâce à l’IFDD, j’ai pu intégrer une dimension francophone à notre démarche, découvrant un réseau riche et solidaire. Cela m’a permis de mieux comprendre les défis spécifiques rencontrés par ces pays dans des négociations internationales souvent dominées par un anglais technique et distant.
La langue française a été un levier d’échanges authentiques et constructifs. Les intervenants ont souligné combien le dialogue en français, entre partenaires partageant des enjeux communs, facilitait la compréhension mutuelle. Organiser cet événement au pavillon de l’IFDD a amplifié ces synergies et permis de rassembler des acteurs clés, un exploit qui aurait été difficile ailleurs.
Le pavillon de la Francophonie : un catalyseur d’initiatives
Au-delà d’un simple lieu de rencontre, le pavillon de la Francophonie s’est imposé comme un véritable laboratoire d’idées. J’y ai découvert des projets concrets menés par des pays francophones : des mini-grids solaires au Burkina Faso, des installations photovoltaïques au Togo, ou encore des programmes de reboisement au Sénégal dans le cadre de la Grande Muraille Verte.
Un appel à l’action
En conclusion, cette expérience à la CdP29, rendue possible grâce à l’OIF et l’IFDD, démontre que la Francophonie peut jouer un rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique. En mobilisant les financements nécessaires et en favorisant des collaborations innovantes, nous avons les moyens d’accompagner les pays du Sud dans une transition juste et durable.
Paul Boëffard, entrepreneur en finance durable et fondateur de Leavit, se consacre à accompagner les pays pétroliers dans leur transition vers des économies bas carbone. Fort de son expérience dans la gestion de 305 millions d’euros de projets durables et d’initiatives climatiques à Paris, il se spécialise dans les marchés du carbone et la gestion de projets énergétiques, avec pour ambition de renforcer la résilience environnementale et la durabilité urbaine.