
La Francophonie fait vivre la langue française à la CdP29 sur le climat à Bakou
Par Dr Issa Bado
Spécialiste de Programme
Négociations internationales environnement et développement durable
Tous les 93 États et gouvernements francophones mobilisés à la CdP29 de Bakou
La 29e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (CdP29) tenue du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan, a constitué la plus grande rencontre mondiale en 2024 dédiée à la prise de décision et à l’action pour le climat.
Cette conférence a mobilisé plus de 56 000 participant-e-s venus des quatre coins du monde. L’ensemble des 93 États et gouvernements membres de la Francophonie y étaient représentés par des négociateurs-trices, des entreprises, des organisations de la société civile, des jeunes et des femmes.
Leur plus grand défi dans ce processus est la barrière linguistique dû au déroulement des principales négociations internationales en anglais. En outre, en marge de la CdP29, il y’avait peu d’espace où les acteurs francophones pouvaient valoriser leurs initiatives en français.
L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), à travers l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), a participé à la CdP29 pour appuyer les négociateurs-trices francophones dans leurs efforts de participation active aux négociations internationales sur le climat de Bakou. L’OIF a également mis à leur disposition un pavillon leur permettant de mettre en valeur leurs initiatives et développer des partenariats.
Les priorités des pays francophones au cœur des négociations de Bakou
La CdP29 de Bakou était attendue pour prendre de grandes décisions en faveur du financement du climat et de la création des conditions pour favoriser plus d’action climat au niveau mondial.
L’IFDD a organisé à Baku cinq événements pour préparer techniquement les négociateurs-trices francophones sur les enjeux thématiques des négociations. Au total plus de 1052 négociateurs et négociatrices francophones de plus de 40 pays ont bénéficié de l’accompagnement de l’OIF depuis le début de l’année 2024 : formations, mise à dispositions d’outils d’aide à la négociation, mise en réseau, etc.
Certains des évènements organisés par l’OIF ont concerné les modalités d’accès au financement des Fonds internationaux et l’appui de l’OIF pour faciliter l’accès des pays francophones à la finance climat : accompagnement de 9 pays en cours, formation pour le montage de dossiers bancable, préparation d’une plateforme de partage des opportunités de financement, lancement d’un appel à manifestation d’intérêt lors de la CdP29, etc.
La langue française plus vivante pour l’action climat à la CdP29
L’OIF, grâce à son pavillon, a permis à la langue française d’avoir une place importante dans les débats et dans les rencontres. La chaîne de télévision TV5 Monde a réalisé un reportage à ce sujet : https://information.tv5monde.com/international/video/suite-de-la-cop29-bakou-en-azerbaidjan-2748917
Un des rares pavillon utilisant la langue française, le Pavillon de la Francophonie, fut le carrefour de rencontres et de partenariats entre les francophones et les autres acteurs à Bakou. Au total 1184 acteurs ont participé en présentiel à 60 événements organisés au pavillon de la Francophonie.
Grace à la plateforme numérique du Epavillon climatique de la Francophonie, le site de l’IFDD et ses réseaux sociaux, 4 699 participants ont été enregistrés en présentiel et en ligne aux activités du Pavillon de la Francophonie.
Une montée en puissance des négociatrices formées par l’OIF
Depuis quelques années, l’OIF a formé 435 négociatrices francophones pour répondre à deux défis des pays francophones. Le premier est la faible représentation des femmes dans les délégations de pays en développement francophones participant aux négociations sur le climat. Le second est le manque de capacités des femmes mobilisés par les pays pour intégrer les délégations.
Lors de la CdP29 près de 200 des femmes formées par l’OIF étaient présentes à la CdP29 pour négocier au nom de leurs pays sur différentes thématiques, notamment : adaptation, atténuation, pertes et préjudices, autonomisation des jeunes et des femmes, finance, justice climatique, technologies, bilan mondial, agriculture, etc. Trente d’entre elles ont vu les frais de leurs participations à la CdP29 couverts par l’OIF.
Au cours d’une session au pavillon de la Francophonie, les négociatrices francophones ont témoigné des progrès réalisés dans leurs carrières, leurs positions dans les délégations et dans les instances de coordination des négociations. Ce fut l’occasion d’adresser des félicitations à quatre d’entre elles promues au sein des instances de coordination des négociations :
- Dr Hortense Traore Ep. Kagambega, promue Co-coordonnatrice Développement et Transfert de Technologie pour les Pays les Moins Avancés (PMA)
- Mme Ambinintsoa Heritokilalaina, promue Co-coordonnatrice de la Thématique transparence au niveau du groupe de négociation des Pays les moins avancés.
- Mme Patricia Ebeleke, République démocratique du Congo, promue Co-facilitatrice pour la thématique genre
- Mme Grace Inéza, Rwanda, promue Rapporteure du groupeG77 et du groupe Afrique de la thématique Pertes et préjudices.
Des résultats mitigés mais une victoire d’étape dans les négociations
La CdP29 s’est soldée par quelques progrès obtenus nonobstant le report de certains points aux prochaines sessions. L’un des sujets les plus attendus était la mobilisation de financements pour l’action climat. Les pays ont parvenu in extrémis à un accord sur un nouvel objectif de financement international du climat, dans le cadre de l’Accord de Paris intitulé Nouvel objectif global quantifié (NCQG).
La CdP29 a fixé le nouvel objectif de financement de la lutte contre le changement climatique à au moins 300 milliards de dollars américains par an d’ici 2035. Les pays développés prennent ainsi l’engagement d’apporter de tripler les financements en faveur des pays en développement.
Par ailleurs, les pays ont finalisé les orientations nécessaires pour rendre pleinement opérationnel l’article 6 de l’Accord de Paris relatif aux mécanismes de coopération et aux marchés du carbone.
L’OIF, à travers l’IFDD, a pleinement soutenu les efforts en matière de climat de ses États et gouvernements membres lors de la CdP29. Son action se poursuivra lors des prochaines sessions de négociations qui réuniront les pays pour faire avancer la cause climatique.