
PEPITA-UN: Quand l’innovation agro-industrielle devient un levier de transformation durable
Dans le cœur vibrant de l’Université de Ngaoundéré, nichée dans la région de l’Adamaoua du Cameroun, une révolution silencieuse mais décisive a pris forme. Son nom : le Projet d’Excellence en Production d’Innovations Technologiques en Agro-Industrie, ou simplement PEPITA-UN. Ce projet ambitieux mis en œuvre dans le cadre du Projet de Déploiement des technologies et innovations environnementales pour le développement durable et la réduction de la pauvreté (PDTIE), est devenu bien plus qu’une initiative académique. Il a su incarner une vision.
Tout a commencé avec une conviction partagée : celle que l’Afrique regorge d’intelligence créative, de ressources endogènes et de talents en quête d’un cadre propice pour leur épanouissement. L’École Nationale Supérieure des Sciences Agro-Industrielles de l’Université de Ngaoundéré décida alors de donner corps à cette idée, en misant sur la recherche appliquée, la valorisation des savoirs locaux et le sciencepreneuriat. Son ambition était de créer un écosystème inclusif et performant pour l’entrepreneuriat scientifique.
Le projet a ensuite dépassé toutes les projections les plus optimistes avec l’obtention de dix-huit brevets d’invention auprès de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), tandis que quatorze autres sont en cours d’examen. Chaque brevet raconte une histoire, celle d’un étudiant, d’un chercheur ou d’un entrepreneur scientifique ayant imaginé un dispositif, un procédé ou un produit pour transformer le quotidien des populations. En parallèle, dix-sept modèles d’affaires innovants ont vu le jour. Chacun a été testé, ajusté, consolidé au sein de circuits réels de commercialisation. Des bioemballages à base de déchets végétaux, des unités mobiles de transformation agroalimentaire, ou encore des solutions numériques pour le suivi des cultures : tout a été pensé pour répondre aux besoins locaux, avec une forte sensibilité environnementale. En trois ans, dix articles scientifiques ont été publiés par PEPITA-UN, renforçant la visibilité du projet à l’international.
Le soutien à l’enseignement supérieur n’était pas en reste. Onze diplômes ont été encadrés dont deux mémoires de master, huit travaux d’ingénieur et une thèse de doctorat en gestation. Tous ont porté la marque d’une ingéniosité enracinée dans les réalités africaines. Mais peut-être que la plus belle réussite de PEPITA-UN a été humaine. Soixante-dix-neuf scientifiques, dont vingt-et-une femmes et plus de cinquante jeunes, ont été intensivement formés. Plus de 300 heures de formation en conception inventive systématique, lean sciencepreneuriat, et propriété intellectuelle ont permis de faire éclore une nouvelle génération de penseurs-créateurs. Pour eux, inventer n’est plus un rêve, c’est une compétence.
La réussite incontestable de ce projet a été salué par plusieurs prix et distinctions, renforçant sa légitimité et son rayonnement. Au fil du temps, PEPITA-UN est devenu plus qu’un projet. Il est un modèle de transformation systémique, une source d’inspiration pour les universités africaines, une vitrine du potentiel technologique du Cameroun. Les défis restent nombreux : pérenniser cette initiative universitaire, intégrer les innovations dans les politiques publiques, étendre les modèles d’affaires au niveau régional. Mais la dynamique est enclenchée, et les acteurs – étudiants, chercheurs, entrepreneurs – sont prêts à franchir le cap.
Soutenue par l’Institut de la Francophonie pour le développement durable dans le cadre du PDTIE, l’histoire du PEPITA-UN est celle d’un pari audacieux devenu une réalité tangible. Une preuve que lorsque l’intelligence locale est soutenue, l’innovation devient un outil de dignité, de progrès et de résilience.
Pour rappel, le PDTIE qui vise à créer un environnement inclusif pour la recherche et l’innovation en RDC et au Cameroun a été financé par le Fonds ACP pour l’Innovation et mise en œuvre sous l’égide de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) avec le soutien de l’Union européenne.