
Construire des territoires circulaires : utopie ou réalité ? Séminaire en ligne
Séminaire en ligne
Construire des territoires circulaires : utopie ou réalité ?
Mercredi 13 avril 2022 | 14h GMT
De l’économie linéaire à l’économie circulaire
Extraire. Transformer. Distribuer. Consommer. Jeter. Le modèle économique linéaire actuel n’est pas durable. Il encourage la surconsommation des ressources, le gaspillage, la génération de pollution et de déchets, en particulier l’émission de gaz à effet de serre (GES), tout au long de la chaîne de production et de consommation.
À l’inverse, l’économie circulaire repose sur des stratégies pour réduire la consommation (écoconception, approvisionnement responsable, optimisation des opérations, énergies renouvelables, etc.) et optimiser l’utilisation des ressources tout en évitant la production de déchets (économie collaborative, économie de fonctionnalité, reconditionnement, écologie industrielle, location court terme, etc.).
Les villes, un monde d’opportunités pour l’économie circulaire
Selon le rapport Circularity Gap 2021, « en adoptant une feuille de route riche en stratégies circulaires, nous pouvons ouvrir la voie à la transformation systémique nécessaire pour corriger l’économie mondiale [et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris] – allant bien au-delà des engagements nationaux actuels en matière de climat. L’économie mondiale ne serait aujourd’hui circulaire qu’à 8,6%, laissant une énorme marge de manœuvre. La bonne nouvelle, c’est que nous n’aurions qu’à doubler ce taux pour atteindre nos objectifs climatiques ». Une grande partie des améliorations pouvant être obtenues dans les domaines du bâtiment et du transport, domaines de compétence des villes.
Les collectivités territoriales ont tout le potentiel de devenir l’épicentre d’une transition vers une économie circulaire. Ainsi, selon ONU Environnement, la forte concentration de personnes, de matériaux, de produits, de capitaux et de données fait des villes des lieux de changement idéaux. Des réseaux denses de personnes et de ressources stimulent la créativité, l’innovation et l’esprit d’entreprise. En tant que laboratoires d’innovation, les villes peuvent expérimenter de nouvelles solutions circulaires et des initiatives pilotes qui pourront ensuite être déployées au niveau national.
En milieu urbain, l’économie circulaire peut aisément s’appliquer à certains domaines tels que l’environnement bâti, la mobilité, ou l’alimentation.
- En Afrique, près de 80% des bâtiments qui seront habités en 2050 ne sont pas encore construits aujourd’hui. Une approche de circularité devrait s’appliquer aux choix des matériaux, aux techniques de construction, à l’efficacité énergétique des bâtiments, etc. Repenser la façon dont nous construisons en utilisant le bois massif, seul matériau de construction renouvelable, est d’ailleurs l’un des 5 piliers de l’économie circulaire en Afrique, selon l’African Circular Economy Alliance.
- En matière de mobilité et de transport, jusqu’à 50% de la surface des villes est utilisée pour les routes, les stationnements, les stations-services, etc. Pourtant, les routes ne sont utilisées à pleine capacité que 5% du temps. De plus, tenant compte du poids des véhicules et de toute l’énergie consommée pour l’aménagement des routes, une infime fraction de l’énergie du carburant est effectivement utilisée pour déplacer les personnes.
- Sur le plan de l’alimentation et de l’agriculture, les villes ont un grand pouvoir de demande. La plupart des produits alimentaires sont destinés aux villes et la consommation alimentaire moyenne dans les villes est nettement plus élevée qu’à la campagne. Le volume important de déchets alimentaires générés dans les villes offre également des opportunités uniques pour la récupération de matières de valeur.
« (…) Construire une économie circulaire dans les villes peut apporter d’énormes avantages économiques, sociaux et environnementaux. Si nous pouvons réduire la congestion, éliminer les déchets et réduire les coûts, une productivité économique plus élevée et une nouvelle croissance permettront aux villes de prospérer. De nouvelles opportunités commerciales soutiendront le développement des compétences et l’emploi » (Fondation Ellen MacArthur).
Des défis à surmonter
Toutefois, bien que de nombreuses villes, européennes notamment, aient adopté des stratégies d’économie circulaire, la faisabilité d’une ville entièrement circulaire reste encore à être établie. Les villes font face à de multiples défis, tels que :
- Sur le plan des infrastructures et de la compétitivité, l’économie circulaire offre, certes, des opportunités d’investir dans de nouvelles infrastructures durables, mais les pays en développement en ont-ils les moyens? L’application des principes de l’économie circulaire à l’échelle des villes est-elle compatible avec la satisfaction des besoins de base à court terme? Comment les entreprises peuvent-elles tirer profit de l’économie circulaire?
- Sur le plan législatif, quels sont les leviers dont les villes disposent pour repenser et optimiser les produits? Quelles politiques publiques? Incitatifs et subventions? Lois et règlements? Normalisation? Exemplarité gouvernementale? Achats publics durables?
- Sur le plan des données, quelles sont les données disponibles sur la circularité des villes? Comment obtenir les données manquantes (état des lieux, centres de recherche, baromètres)? Quel est le niveau de circularité optimal (local, régional, national, international)? À partir de quel niveau les boucles de circularité sont-elles trop grandes, annulant ainsi tout gain environnemental?
Finalement, les élus locaux ont le mandat de « faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables » (ODD 11). C’est pourquoi l’Organisation internationale de la Francophonie, à travers l’Institut de la Francophonie pour le développement durable, travaille avec l’Association internationale des Maires francophones et ambitionne d’accélérer la transition vers l’économie circulaire dans l’espace francophone, notamment en milieu urbain.