Conférence-débat « Comment faire des jeunes entrepreneurs verts le fer de lance du développement durable en Afrique francophone ? »

Contexte et enjeux

La recherche et l’innovation (R&I) sont des moteurs essentiels pour trouver des solutions aux défis complexes et interconnectés auxquels le monde est confronté (changement climatique, pandémies, perte de biodiversité, insécurité alimentaire, énergétique et hydrique, etc.). Elles contribuent à accélérer la transition verte, à créer de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises, et à réduire la pauvreté. Cette ambition s’inscrit particulièrement dans le programme des Nations Unis à l’horizon 2030 et ses 17 objectifs de développement durable (ODD) tout en répondant aux 7 aspirations de l’Agenda 2063 « l’Afrique que nous voulons » de l’Union Africaine.

Toutefois, la recherche et l’innovation demandent à être déployées à un rythme plus rapide, à plus grande échelle, à moindre coût, et avec un impact plus important là où elles sont le plus nécessaires.

Un nombre croissant de pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique intègrent désormais la recherche et l’innovation dans leurs programmes nationaux et régionaux de développement. Cependant leurs performances en matière d’innovation restent parfois limitées par des politiques et des dispositifs de développement des compétences et connaissances inadaptés, ou par une faiblesse des interactions entre les différents acteurs de l’innovation. Les chercheurs, les universitaires et le secteur privé travaillent encore trop souvent en vase clos, réduisant de ce fait les possibilités d’investissement et de valorisation économique des avancées de la recherche, en particulier dans les pays en développement.

Pour libérer ce potentiel d’innovation, l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) met en œuvre un programme de recherche et d’innovation financé par l’Union européenne, qui s’appuie sur trois instruments principaux :

• Un Fonds ACP pour l’innovation pour favoriser un environnement propice à la R&I dans les pays ACP ;
• Un Mécanisme de soutien aux politiques pour améliorer la qualité et l’efficacité de leurs systèmes de recherche et d’innovation ;
• Un Portail web pour faciliter l’accès, le transfert et la fertilisation croisée des connaissances en R&I dans les pays ACP.

Le Fonds ACP pour l’innovation finance des projets visant à améliorer les écosystèmes d’innovation, à travers un accès accru à la culture numérique et aux technologies émergentes, l’adaptation des compétences à la demande du marché du travail, l’amélioration du transfert de technologies et de l’adoption de la R&I, et la promotion des savoirs locaux et autochtones.

Parmi ces projets, nombreux sont implémentés dans des pays francophones d’Afrique. Il s’agit notamment des cinq (5) projets :

• Déploiement des technologies et innovations environnementales pour le développement durable et la réduction de la pauvreté (PDTIE), mis en œuvre au Cameroun et en République démocratique du Congo (RDC).
• Promotion de la Recherche, l’Innovation et la Culture Numérique en Afrique Centrale (PRICNAC), mis en œuvre au Cameroun, Congo, Gabon, République centrafricaine, RDC et Tchad.
• Valorisation des résultats de la recherche et l’innovation en Afrique de l’Ouest (VaRRIWA), mis en œuvre au Bénin, Burkina-Faso, Sénégal et Togo.
• Transformation du secteur des déchets vers un lien déchets-énergie dans la région Sud-Ouest de l’océan Indien (TWENex), mis en œuvre aux Comores, Ile Maurice, Madagascar, et Seychelles.
• Accélérer une croissance verte inclusive grâce à l’innovation numérique basée sur l’agriculture en Afrique de l’Ouest (AGriDI), mis en œuvre en Afrique de l’ouest, et particulièrement au Bénin et au Burkina Faso.

Les consortia qui les mettent en œuvre, apportent, dans le cadre de leur action, un soutien aux acteurs de la R&I (les “tiers”), dans les pays de leur zone d’intervention tant sur un plan financier que technique, par le biais du renforcement des capacités, de l’assistance par des pairs, du mentorat, de la mise en réseau, de l’échange d’expériences et du plaidoyer des politiques.

Parmi les activités principales développées par ces tiers, on retrouve :

• La mise en place de dispositifs pérennes d’appui à la valorisation des résultats de la recherche ;
• L’accompagnement de jeunes innovateurs vers la création de brevets d’invention, de nouvelles entreprises et start ups ;
• La promotion des innovations scientifiques et techniques développées, en particulier vers le secteur privé.

L’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) est un organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Sa mission est de développer la coopération au service de la transition énergétique, de l’environnement et du développement durable. L’Institut met notamment en œuvre plusieurs projets phares de l’OIF, en partenariat avec d’autres Directions, Unités et Représentations extérieures de l’OIF. L’Institut met en œuvre un des projets du Fonds ACP pour l’innovation : le projet de Déploiement des technologies et innovations environnementales pour le développement durable et la réduction de la pauvreté (PDTIE) au Cameroun et en RDC.

En vue de soutenir la réflexion sur la contribution des projets de recherche-innovation au développement durable des pays en développement, le Programme R&I de l’OEACP associé avec l’IFDD organise une conférence-débat qui porterait sur « Comment faire des jeunes entrepreneurs verts le fer de lance du développement durable en Afrique francophone ? »

Le sujet

L’Afrique possède la population la plus jeune du monde (avec 60 % de sa population âgée de moins de 24 ans en 2020, selon les Nations unies), et cette population devrait doubler d’ici à 2050, pour atteindre près de 2,4 milliards. L’emploi des jeunes est une grande préoccupation, puisque plus de 20 % des jeunes hommes et 35 % des jeunes femmes n’avaient pas d’emploi, d’éducation ou de formation en 2020 selon le rapport 2022 de l’Organisation internationale du travail. Et selon la Banque africaine de développement (BAD), environ 10 à 12 millions de jeunes Africains entrent chaque année sur le marché du travail, où seuls 3 millions d’emplois formels sont disponibles.

Le continent africain dispose par ailleurs d’abondantes ressources naturelles : des sources d’énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse, géothermie), des terres agricoles (24 % des terres arables mondiales), et un sous-sol extrêmement riche (avec entre 20 % et 90 % des réserves mondiales de 11 minéraux nécessaires à la transition énergétique, selon un rapport de l’ONG Natural Resource Governance Institute de novembre 2022).

La valorisation de ces ressources pourrait permettre de développer des solutions durables dans des secteurs tels que l’agriculture biologique, les énergies renouvelables et l’économie circulaire, de créer des emplois et des richesses, et de lutter contre la pauvreté.

La jeunesse africaine représente un dividende démographique qui, si elle est canalisée, autonomisée et dotée de moyens appropriés, peut transformer en opportunités les défis majeurs que sont le chômage, l’insécurité alimentaire, l’accès à l’énergie, ou encore la lutte contre le changement climatique.

Favoriser l’essor de l’entrepreneuriat vert des jeunes en Afrique francophone permettrait de concilier l’esprit de création d’entreprise des jeunes Africains (qui ont une activité entrepreneuriale en phase de démarrage 13 % plus élevée que la moyenne mondiale selon le World Economic Forum de 2019), avec la nécessité de répondre aux besoins pressants de la société, tout en valorisant les ressources et les savoirs locaux, et en préservant l’environnement.

La conférence se concentrera sur les points suivants :

• Quels sont les principaux obstacles rencontrés par les jeunes entrepreneurs verts dans le développement de leurs projets ?
• Quelles sont les clés du succès ?
• Comment les politiques et réglementations gouvernementales peuvent-elles soutenir au mieux les jeunes entrepreneurs verts ?

Objectifs

L’objectif est d’approfondir un sujet de grande importance pour les pays francophones africains membres de l’OEACP et fournir des informations sur les bonnes pratiques pour l’investissement dans la R&I et la valorisation économique de ses résultats ainsi que des solutions potentielles aux défis auxquels sont confrontés leurs jeunes innovateurs entrepreneurs.