
Face au changement climatique, le Burundi s’organise pour mobiliser plus de financements
Afin de maximiser ses chances d’accéder aux financements climatiques, le Burundi a renforcé les capacités de cinquante acteurs nationaux en matière de conception de projets. À ce jour, trois initiatives sont déjà prêtes à être soumises au Fonds vert pour le climat ainsi qu’au Fonds d’adaptation.
Former des experts a été la première étape pour faciliter la mobilisation des financements climatiques. En décembre 2024, cinquante acteurs nationaux ont suivi à Gitega (Burundi) deux semaines de formation : représentants de ministères, instituts, ONG et antennes techniques provinciales en charge de l’environnement. L’objectif était de doter le pays d’une expertise nationale capable de monter des projets conformes aux critères du Fonds vert pour le climat et du Fonds d’adaptation.
« Nous étions dans un processus d’accréditation auprès du Fonds vert et du Fonds d’adaptation, mais nous nous sommes heurtés à un manque d’expertise et de données pour remplir les dossiers, ce qui complexifie la tâche », reconnaît Liévin Ndayizeye, de l’Office burundais pour la protection de l’environnement (OBPE), l’institution bénéficiaire, qui dépend du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage.
Claude Nkurunziza, de l’Institut géographique du Burundi (IGEBU), confirme : « Jusqu’à aujourd’hui encore, la mobilisation des financements climatiques reste faible, alors qu’ils sont fondamentaux pour améliorer les conditions de vie des populations et sauvegarder les ressources naturelles. ».
Au Burundi, 90 % de l’emploi dépend de l’agriculture. Comme ailleurs, les financements climatiques y sont essentiels : ils favorisent la transition bas carbone, renforcent la résilience et l’adaptation au changement climatique et soutiennent la stabilité politique.
Les données : un enjeu stratégique
Il reste un obstacle : le manque de données récentes et fiables. « De nombreux documents datent d’il y a une dizaine d’années », déplore Liévin Ndayizeye.
« Le focus doit désormais être mis sur la documentation et les données de qualité pour faciliter la communication avec les bailleurs de fonds. »
Claude Nkurunziza illustre cette difficulté : « Dans la cartographie, nous n’avons pas les outils nécessaires pour collecter sur le terrain ou recourir à la télédétection par drones et satellites. Ces données sont primordiales pour évaluer l’impact du changement climatique. »
Des projets concrets pour des communautés résilientes
Encadrés par l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), les participants ont travaillé à partir des canevas officiels pour rédiger des notes conceptuelles. « Les acteurs ont étudié les problèmes liés au changement climatique afin de faire ressortir des solutions et des résultats atteignables au niveau de secteurs vulnérables comme l’agriculture, l’eau ou encore l’énergie », explique Mathieu Biaou, expert auprès de l’IFDD. « Les effets du changement climatique impactent fortement les moyens d’existence des populations ».
Six idées de projets ont émergé, dont trois ont été retenues et développées en notes conceptuelles, pour un budget total de 45,3 millions de dollars US / 39 millions d’euros: remplacer le bois énergie et le charbon par du biogaz à Bujumbura ; adapter les systèmes agricoles dans les dépressions de Kumoso ; restaurer les milieux dégradés et améliorer les conditions de vie dans la région de Mumirwa.
Pour en savoir plus sur cette action du projet « Accompagnement des transformations structurelles en matière d’environnement et de climat »