Une jeunesse haïtienne engagée pour l’environnement

ENGAGÉ

Schneider Lauren Ricard ANTOINE
Agronome, environnementaliste et écologiste, Haïti
Coordonnateur National NOEAE

Schneider Lauren Ricard ANTOINE est originaire du Sud-est d’Haïti. Après des études primaires à Belle-Anse et secondaires à Jacmel, il poursuit en 2017 un cursus en sciences agronomiques à l’Université Épiscopale d’Haïti. Agronome, environnementaliste et écologiste, il vit son engagement au service de l’environnement au quotidien. La formation continue sur ce sujet est également un sujet qui lui tient à cœur puisqu’il a suivi plus d’une vingtaine de cours avec plusieurs institutions comme l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) ou l’UICN-PAPACO dont il est d’ailleurs l’ambassadeur volontaire pour le MOOC Conservation en Haïti.

En tant que coordonnateur de l’association Nouvelle orientation pour l’émergence agricole et environnementale (NOEAE), il participe comme formateur et intervenant dans de nombreuses activités, notamment des conférences, débats et actions de terrain. Depuis février 2023, il anime également une émission sur la radio Anviwònman, de concert avec un autre écologiste, Simpson Poteau.

Selon vous, quels sont aujourd’hui les principaux défis rencontrés par les jeunes francophones ?

Je pense que les jeunes sont confrontés à des problèmes d’ordre socioéconomique et politique. Ils ne sont pas intégrés dans l’administration publique, il existe un faible taux d’emploi chez les jeunes, les sources de financement manquent pour les activités durables souvent proposées par les jeunes et les gouvernements n’investissent pas dans les jeunes.

La transition écologique pourrait-elle contribuer à l’employabilité des jeunes ? Pensez-vous que les compétences « vertes » sont une clé de leur réussite ?

La transition écologique nous permet de découvrir d’autres secteurs clés. Ces secteurs constitueront l’avenir de notre planète, de nouvelles compétences seront développées et les jeunes pourront devenir l’élément clé pour la réussite des activités portées par les compétences vertes. D’ailleurs, les jeunes sont très intéressés par ces activités. Ces secteurs peuvent devenir une source de richesse pour eux, par exemple la production de semences durables, la production d’engrais organiques, etc…

Quelle est la contribution et l’impact de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) pour le développement de vos activités, personnelles et associatives ?

Je pense que l’IFDD fait un bon travail dans le monde francophone. J’ai suivi tous les cours de la plateforme Objectif 2030 pour apprendre de la réussite des autres. Grâce à l’IFDD, j’ai pu développer de nouvelles compétences vertes. Je me suis d’ailleurs inspiré des cours Technologies et Métiers de l’environnement pour lancer avec l’organisation plusieurs programmes. Les activités de l’IFDD sont très enrichissantes et contribueront à une vie durable dans la Francophonie.

De façon particulière, les jeunes haïtiens traversent actuellement une crise majeure qui affecte leurs possibilités d’autonomisation et d’insertion professionnelles. Pensez-vous vous que l’appui apporté par l’IFDD contribue à maintenir l’espoir auprès de la jeunesse haïtienne ?

Le pays traverse une situation très chaotique depuis plusieurs années qui affecte surtout les jeunes, mais il y’a toujours de l’espoir. Les jeunes s’intéressent de plus en plus aux activités visant les objectifs de développement durable. Vous pouvez le constater à chaque session de formation. Les jeunes haïtiens sont motivés pour apprendre et développer des activités durables. C’est un combat difficile dans un pays au bord du chaos, mais on avance chaque jour dans nos activités. Il est vrai que l’appui de l’IFDD ne suffit pas à lui tout seul, mais il contribue à maintenir l’espoir chez les jeunes haïtiens.

L’association Nouvelle orientation pour l’émergence agricole et environnementale (NOEAE) est une organisation nationale créée le 30 décembre 2020 par un groupe de 21 étudiants en sciences agronomiques, lors d’un congrès universitaire à Papaye, une localité du département du Centre (Haïti). Elle est composée de 10 coordinations, et compte 70 membres actifs et plus de 100 partisans dans les 10 départements du pays. Elle a 2 bureaux fixes, un à Port-Au-Prince et l’autre dans la commune de Belle-Anse.

NOEAE est une organisation qui travaille dans un cadre social et environnemental bien défini. Elle a pour objectifs de contribuer aux activités visant le développement durable du pays, promouvoir l’esprit d’initiative et d’entreprendre auprès des jeunes, poser les problèmes liés à l’environnement et trouver des solutions durables, favoriser la solidarité entre ses membres et les professionnels, entrepreneurs, agriculteurs et leaders communautaires, et promouvoir le développement de l’agriculture, la protection de l’environnement, l’éducation et la formation professionnelle.

L’organisation s’investit dans de nombreuses activités comme des conférences/débats, l’organisation d’une foire gastro-environnementale chaque année à l’Université Épiscopale d’Haïti, une série d’émissions sur les aires protégées et une autre sur les changements climatiques sur Radio Anviwònman. L’association prévoit également une autre radio internet qui traitera des données sur les piliers du développement durable (Radio Télé Voix Durable), un clin d’œil sympathique à l’émission de podcast « Voix durables » de l’IFDD.

Depuis janvier 2023, elle s’est lancée dans un projet de relance du secteur agricole haïtien. Son coordonnateur, Schneider Lauren Ricard ANTOINE, fait un très beau bilan des premiers mois d’activités : C’est un projet de formation sur l’agriculture durable et les technologies de l’environnement. Il n’a pas encore de financement externe. Les formateurs sont des membres volontaires de l’organisation. Le projet vise à la formation de 2000 jeunes haïtiens pendant 24 mois. Les cours sont dispensés en présentiel et en ligne (pour les zones très éloignées). À travers ces activités, la NOEAE vise plusieurs objectifs : accompagner les jeunes vers une agriculture durable, renforcer les capacités techniques des jeunes, relancer l’agriculture haïtienne, en utilisant les modèles durables, et favoriser la participation des jeunes dans le processus de développement durable. 500 jeunes ont déjà été formés à l’agriculture durable et aux technologies de l’environnement de janvier à août 2023, dans 8 départements des 10 que compte le pays. 100 jeunes écoliers de moins de 15 ans ont également été formés à l’agriculture durable et plus de 100 jeunes ont déjà lancé leurs entreprises agricoles. Enfin 3 séries de 15 émissions ont été diffusées sur la Radio Anviwònman.

Plus d’informations sur l’association : https://www.facebook.com/profile.php?id=100064810179677